D’abord, qu’est-ce que la grâce? Si Dieu nous sauve par la grâce (Éph 2.8), nous devons savoir ce que Dieu entend par grâce. Donc, une définition du concept s’impose. Résumée à sa plus simple expression, elle est une faveur ou un don, non mérité. Vous allez me dire que déjà un don, ou une faveur, c’est gratuit. Alors, pourquoi insister sur l’absence du mérite. En fait, il ne va pas de soi entre nous de recevoir un cadeau sans chercher à y trouver du mérite.
Qui n’a pas fait l’expérience d’être invité à une soirée chez des amis et que durant la soirée, ils vous offrent un cadeau? Ce n’était pas pour votre anniversaire ou quelque autre raison, c’était seulement parce qu’ils vous aimaient. Naturellement, vous êtes touché par leur marque d’affection.
Toutefois, j’aimerais dissocier, pour mon propos ici, la grâce de Dieu de l’idée que le Seigneur nous fait un « cadeau » comme chez vos amis, car un cadeau est souvent une récompense. Les enfants vont souvent entendre à Noël : « As-tu été gentil cette année? » Vos amis vous aiment et d’une certaine manière, ils veulent souligner la valeur de la relation qu’ils ont avec vous. Il est assez rare qu’on envoie un cadeau à quelqu’un qui nous a fait du mal. Le mot « cadeau » ne serait pas le meilleur terme pour cette situation, mais plutôt le mot « présent » pour signifier qu’on veut apaiser ou acheter la paix.
Une des raisons à l’origine de la réforme dans l’Église de l’Europe du XVIe siècle a été l’idée fausse qu’il fallait se préparer ou se « rendre digne » de recevoir la grâce du salut de nos âmes. C’était le but de toute activité religieuse, comme l’acquisition des indulgences, les pèlerinages en divers lieux sacrés, les jeûnes, les bonnes œuvres, tout cela était des moyens de préparer notre cœur à être trouvé digne de cette « grâce ».
Martin Luther est peut-être le personnage le plus marquant de cette période. Dans la première partie de sa vie, poussé par une conscience aiguë de la fragilité humaine et la peur de ne pas obtenir la faveur d’un Dieu impitoyable, Luther est allé frapper à la porte du couvent des Ermites augustins. Nous sommes le 18 juillet 1505. Même en ce lieu béni, il n’a pas trouvé le repos ni la paix. Il s’est plutôt découvert comme un homme qui se « bat » contre Dieu ou plus exactement contre l’image déformée qu’il avait de Dieu.
Les historiens nous disent que Luther a fait une expérience dite « de la tour » à l’hiver 1512-1513 qui a changé le cours de sa vie. C’est dans la Parole de Dieu qu’il a trouvé la réponse à ses questionnements qui le hantaient : « Le juste vivra par la foi! » La foi en quoi? La foi en ce que nous ne pouvons que « recevoir » sans mérite de notre part.
Croire que nous étions morts dans nos offenses et nos péchés… que nous étions nous aussi du nombre de ceux qui étaient en rébellion contre Dieu, que nous ne sommes pas différents de personne et donc, tout aussi coupables. Croire que rien en nous n’est digne de confiance! Croire que notre salut vient d’en haut! Croire que notre délivrance est en Jésus-Christ crucifié, mort, enseveli à cause de notre condamnation et ressuscité pour notre justification. Croire à aucun mérite de notre part, ne plus croire en soi, mais mettre toute notre espérance en Jésus-Christ seul.
Je vous encourage à lire sa défense face à l’immense opposition de son époque dans les 28 thèses de « Controverse tenue à Heidelberg ». C’est vraiment enrichissant et édifiant!
En conclusion, la grâce que le Seigneur nous manifeste ne serait donc pas une réponse à quelque chose que nous aurions fait ou pas, mais un acte totalement libre venant d’un amour libre de Dieu envers nous. Voici ce que l’apôtre Jean a écrit : « Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés. » (1 Jn 4.10)
Ma paix avec Dieu ne vient pas de ce que j’aurais fait ou non, de ce que je suis ou pourrait être. Elle repose dans l’œuvre que Jésus-Christ a accomplie à la croix.
J’apprends à ne plus croire en moi, à ne plus croire que je puisse mériter, attendrir ou charmer Dieu par mes œuvres, mes prières, ou même par mes menaces, mais à croire que l’obtention du salut que le Père par son Fils Jésus-Christ m’accorde ne vient que par la seule sola gracia!
Recevoir le salut par le moyen de la foi, c’est-à-dire en croyant seulement que Dieu ne peut pas me mentir et que sur la seule base de Sa Parole, je reçois le pardon de mes péchés.
Ainsi, par la grâce seule, je rejoins le peuple de Dieu qui a purifié son cœur par le moyen de la foi.
Jeff Laurin