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Mon épouse Sandra et moi avons achetés notre première maison il y a cinq ans. On venait alors d’avoir notre deuxième enfant, Adam, et on se cherchait un endroit où s’établir pour élever notre petite famille. Notre choix s’est finalement arrêté sur un petit triplex dans le village de l’Assomption. Je me souviens du feeling d’entrer dans le logement vide et de me dire pour la première fois : « c’est vraiment chez nous ici! ».

Pourtant, ce n’était pas encore tout à fait chez nous. L’ancien propriétaire avait, dans les mots de ma femme, des « goûts particuliers ». Par exemple, toutes les pièces de la maison étaient entièrement peintes de la même couleur jaune lustrée : des plinthes au plafond, tout avait la même couleur. Des plus, certains travaux devraient être faits pour adapter le logement à la jeune famille que nous étions. Au fil des ans nous avons fait des travaux pour, comme on dit en québécois « mettre les choses à notre goût ». On a commencé par marquer le territoire en accrochant nos photos de famille. On a poursuivi en repeignant les pièces une à une au fil des ans. On a clôturé la cour et installé une trampoline pour les enfants. Peu à peu, on a fait de ce logement notre maison; en l’adaptant à nos goûts, notre vie et notre confort.

C’est dans la nature de l’homme, et je dirais même de chaque espèce, d’aménager son espace, ses relations, en vue de son confort personnel.

L’église n’est pas une maison

On intègre parfois cette idée dans l’église : comme quoi on entre dans une église qui n’est pas à notre goût, mais qu’on entend adapter jusqu’à ce qu’on y soit « confortables ». Comme si l’église était une maison. L’église n’est pas une maison.

On prend des préférences personnelles qu’on partage avec d’autres (parfois culturelles, parfois générationnelles) et on les impose universellement en les spiritualisant. Trop souvent, l’église suit ce même pattern. Par exemple : une nouvelle église « de jeunes » est implantée dans la ville, le service, l’approche, l’accueil est adapté aux goûts d’une génération. Cette église rend les jeunes confortables et attire les jeunes d’autres églises qui, nous devons l’admettre, sont adaptés aux goûts d’une autre génération. Dans la même ville, on a une église avec une moyenne d’âge de 30 ans, et une autre de 50 ans.

Ou bien, on a une église multi-ethnique où un groupe impose ses préférences culturelles sur les autres. Quelques années plus tard, à la place de cette église on en trouve deux, une haïtienne, l’autre québécoise.

Ce genre de division s’opère à tous les niveaux : générationnel, ethnique, mais aussi sur des questions secondaires de doctrines, sur l’état matrimonial, le niveau d’éducation, la classe sociale. Je dirais même qu’on choisit parfois une église selon le niveau de maturité spirituel moyen des gens qui s’y trouvent : quel malheur se serait de devoir prendre soins des autres! Le motif principal derrière ce genre de divisions est une recherche inavouée du confort : l’idée que l’on doit trouver une église où « on se sent bien ». On ne pensera pas : je ne veux pas une église avec des jeunes, ou des familles, ou des immigrants; on pensera plutôt : je cherche une église où je connecte facilement avec les autres, où ça « clique », où je ne serais pas gêné d’inviter les gens de mon milieu (économique, ethnique, etc.).

Ainsi, de grandes divisions s’opèrent dans l’église de Christ sous le couvert de l’idée pernicieuse que l’église de Christ devrait être comme une maison : confortable et adaptée à ma situation et mes besoins.

La parole nous rappelle toutefois que l’Église ne devrait pas être un endroit où on cherche à « se complaire ». Paul écrit aux Romains, une église qui semble être aux prises avec un certain degré d’inconfort lié à la cohabitation de chrétiens d’arrière-plans différents :

Nous qui sommes forts, nous devons supporter les faiblesses de ceux qui ne le sont pas, et ne pas nous complaire en nous-mêmes. 2Que chacun de nous complaise au prochain pour ce qui est bien en vue de l’édification. 3Car Christ ne s’est point complu en lui-même, mais, selon qu’il est écrit: Les outrages de ceux qui t’insultent sont tombés sur moi.

  • Romains 15.1–3 (LSG)

Étude de cas :

Ici, Paul rappelle à l’église que les différents groupes dans l’église ne devraient pas chercher à se « complaire » eux-mêmes, mais à ce que les forts supportent les faibles, et que tous cherchent à complaire à son prochain dans ce qui contribue à son édification. L’église n’est pas un endroit où on cherche à se « complaire ».

Mais comment faire lorsqu’il est difficile de distinguer ce qui est « fort » et ce qui est « faible »? Je vous partage l’exemple de l’église où je sers, qui est établie à Montréal, une église multi-génération, multi-ethnique, multi-tout.

Un contraste important que vous remarqueriez si vous veniez nous visiter un dimanche matin, est l’habillement varié de ceux qui assistent : les québécois « de souche » étant généralement habillés de manière décontractée, et les québécois d’origine haïtienne généralement vêtus de leurs « habits du dimanche », chacun étant poussés à le faire pour des motifs louables, mais culturellement déterminés.

Pour le Québécois de souche, l’idée de classes sociales et de hiérarchies est un sujet tabou. Il est mal vu d’essayer de s’élever au-dessus des autres à travers des « marques de statut » qui incluent l’habillement. Pour le chrétien Québécois l’idée de s’habiller « chic » pour le service du dimanche est offensant : il traduirait un désir de s’élever au-dessus des autres.

Pour le Québécois d’origine haïtienne, le vêtement est plus une marque de respect qu’une marque de statut social. D’aller à l’église dans un habillement décontracté est offensant : il traduirait un manque de respect envers Dieu lui-même.

Je suis conscient que je généralise ici, le but n’est pas de mettre tout le monde dans une même boîte, mais de donner un exemple où, à cause des cultures différentes peuvent chacun avoir des motifs louables, mais qui rendent l’autre inconfortables. Que doit-on faire?

Je crois que l’Écriture ne nous permet pas d’imposer ni à l’un, ni à l’autre d’agir contre sa propre conscience. On doit plutôt accepter ce que j’appelle le Principe d’inconfort universel : où aucun groupe dans l’église (âge, origine, etc.) ne peut s’attendre à être entièrement confortable. Les Québécois de souche n’accueillent pas les Québécois Haïtiens dans leur maison. Non, c’est Christ nous accueille dans la sienne.

Accueillir comme Christ nous a accueillis

Les Écritures nous donnent une vision centrée sur Christ de la manière dont on devrait accueillir les autres dans l’église :

Accueillez-vous donc les uns les autres, comme Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu.

Romains 15.7

Comment Christ nous a accueilli ? Certainement pas en cherchant son propre confort ! Le même passage nous rappelle que Christ ne s’est point complu en lui-même jusqu’à la mort de la croix.

Car Christ ne s’est point complu en lui-même, mais, selon qu’il est écrit: Les outrages de ceux qui t’insultent sont tombés sur moi. 4Or, tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance.

Romains 15.3–4

Mon église c’est quoi ? Ce n’est pas une église qui est comme ma maison : qui représente mes goûts, mes intérêts et cherche mon confort. Mon église, c’est l’Église de Jésus Christ, qui réunit chaque dimanche : Haïtiens en veston qui louent à côté de Québécois en Jeans, célibataires qui se font fixer pendant la louange par les bébés dans les bras de leurs parents, où « jeunes et vieux se réjouissent ensembles ».

L’église, c’est un endroit où personne n’y est « confortable ». Pourtant, dans l’accueil de Christ, on se sait tous à notre place.

 

Que le Dieu de la persévérance et de la consolation vous donne d’avoir les mêmes sentiments les uns envers les autres selon Jésus-Christ, 6afin que tous ensemble, d’une seule bouche, vous glorifiiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ.

Romains 15.5–6 (LSG)

 

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